Site de la compagnie théâtrale Le Thé à Trois

Le Retour d’Egypte


« Le Retour d’Égypte » .de Paul Grenier. Une déambulation théâtrale organisée par l’Office Intercommunal de Tourisme du pays d’Ajaccio. Avec Jean-Emmanuel Pagni, Elisabeth Milleliri, Jean-Marie Orsini, Anne-Marie Nam, Frédéric Dacquay et Simone Grenier. Au départ de la Plage Saint François, le samedi 5 octobre à 17h.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le général Bonaparte de retour dans sa ville, 220 ans plus tard

Par L.F.–06 octobre 2019 Corse Matin

 

 

De la plage Saint-François à la place Foch, en passant par l’église Saint-Erasme et la maison Bonaparte, la compagnie Thé à Trois a interprété, hier soir, le retour d’Égypte du général. Photos J.-P. BELZIT

Dans le cadre des célébrations du 250e anniversaire de la naissance de Napoléon, l’office de tourisme a offert, hier, une reconstitution inédite du retour d’Égypte, sous la forme d’une déambulation mise en scène par Paul Grenier.

« Cari Aiaccini ! » Devant la foule massée dans l’église Saint-Erasme, Bonaparte exprime sa vive émotion, mais aussi ses ambitions pour sa ville natale qu’il retrouve après plusieurs années d’absence. Nous sommes le 1er octobre 1799, il y a 220 ans presque jour pour jour, et le général vient en effet de débarquer sur la plage Saint-François, aux côtés de deux savants et de deux artistes.

« Sur les pas d’Alexandre le Grand et de Jules César, je suis allé en Égypte, déclare-t-il. J’ai dû mener durant un an maintes batailles. Je marche accompagné du Dieu de la guerre et de la fortune. Mais mis au courant du sort désastreux de la France, j’ai décidé de rentrer. À la vue de ma ville natale, mon coeur s’est profondément ému et je ne pouvais pas ne pas y poser le pied. Mon escale marquera je l’espère pour notre ville une renaissance », poursuit-il, ajoutant sa volonté de voir Ajaccio « devenir la capitale de notre île ».

Ses « idées d’avenir », qui seront effectivement mises en oeuvre par Napoléon III et qui préfigureront l’entrée de la cité dans la modernité, Bonaparte les exposera aux habitants sur la place Foch, à la faveur de la mise en scène aux allures de Comedia dell’arte imaginée par Paul Grenier. « Le souhait de l’office de tourisme du pays ajaccien, à l’origine de ce projet, était de rendre vivant pour la première fois cet épisode historique, tout en lui conférant originalité, explique le metteur en scène et directeur de la compagnie Thé à Trois. Tout en ayant une véracité historique, l’idée était ainsi d’entraîner les sept acteurs et le public à travers une déambulation dans la ville, qui passe par quatre lieux clefs ».

La plage donc, tout d’abord – sur laquelle les comédiens ont dû renoncer à leur embarcation pour cause de mer trop agitée -, puis l’église, où le général retrouvera l’abbé Recco, interprété par Joseph Fogacci, le président du deuxième régiment des chasseurs à pied de la garde impériale. « L’homme qui m’a appris à lire, à écrire et à compter », rappellera le général, ancien élève de l’école jésuite.

« Je n’arriverai pas à temps pour le Directoire »

Toujours sur les traces de son passé, Bonaparte se rend ensuite dans sa maison natale, où il est accueilli par son ancienne nourrice, « mamuccia ». « Avec quelle joie je retrouve ma maison », lui déclare-t-il, tandis qu’accoudée à la fenêtre, elle lui remet en mémoire son enfance chahuteuse, qui lui avait d’ailleurs valu de transformer « Nabulio » en « Ribulio », le « perturbateur »…

Un moment d’intimité au cours duquel le général avoue aussi à sa mamuccia qu’il n’avait initialement pas prévu de s’arrêter à Ajaccio. « Notre escale est liée à un coup de vent », lui révèle-t-il ainsi. Avant de s’alarmer du retard pris, préoccupé par l’Histoire en train de se jouer à Paris : « Je n’arriverai pas à temps pour le Directoire ».

Toutefois désireux de faire d’Ajaccio « une ville saine et accessible », il pensera en moins d’une semaine, avec ses compagnons de route, la destruction des remparts, l’agrandissement de la place Foch (autrefois Piazza di l’Olmo), la construction d’un port de commerce, de deux grandes artères de circulation (dont le cours Grandval), sans oublier l’alimentation en eau potable.

Autant de chantiers, « emblématiques du grand changement » initié par Bonaparte selon Pierre Pugliesi, président de l’OIT, et Jean-Pierre Aresu, adjoint délégué à la mise en valeur du patrimoine napoléonien. Tous deux convaincus de l’intérêt suscité par le personnage, « autant chez les touristes que chez les locaux ». La foule présente hier soir ne les faisait pas mentir.

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